Le samedi 8 juin, la Marche des Fiertés de Nantes commencera à 11h avec l‘ouverture du village associatif Cours Saint André. Il accueillera de nombreuses associations et syndicats locaux et nationaux (dont certains sont directement hébergés chez NOSIG), un stand de la Mairie de Nantes (pour répondre aux questions concernant les changements d’états civils), un stand librairie (avec des auteur.ices en dédicace) et un stand maquillage/dégenrage pour se magnifier avant la marche. Le lieu idéal pour s’informer et échanger, ponctué par des animations.
À 14h30, et suite au discours de Madame la Maire Johanna Rolland, les chars hauts en couleurs viendront annoncer le début de la marche. Les acteurs et lieux LGBT iconiques de Nantes seront au rendez-vous et investiront les rues de Nantes pour 3 heures de marche sous le soleil nantais.
Comme l’an dernier, de nombreux lieux organiseront des soirées pour continuer la fête. La discothèque le Warehouse, au Hangar à Bananes, ouvrira ses portes pour une soirée légendaire de minuit à 6h30 du matin. Pour les plus motivé.es, ce sera ensuite le club Macadam à Chantenay qui permettra aux plus fêtard.es de danser tout le dimanche lors d'une Gloria.
Pride Nantes 2024 vue au travers de l'objectif de BiB
Bruno Ignace Barbé
En 2024, la Pride demeure bien plus qu'une simple date festive et colorée. Elle incarne un symbole de la lutte continue pour l'égalité et la visibilité des personnes LGBTQIA+ à travers le monde. Chaque année, nous nous rassemblons dans un acte de résistance et d'affirmation de notre droit d'exister pleinement et librement. Encore aujourd’hui nous devons lutter pour vivre et survivre en paix dans un quotidien marqué par des actualités violentes pour notre communauté.
Chaque semaine qui s’écoule laisse les artisans de l'obscurantisme égrener leur parole nauséabonde et leur volonté de supprimer nos existences. Chaque jour, nous lisons des tribunes, des articles faussement scientifiques, des paroles discriminantes ou des discours oppressants à notre encontre. Nous, militant.es et associations, ne lâcherons rien et combattrons nos oppresseurs. C’est tout le sens que nous donnons à notre Marche des Fiertés.
Le i de LGBTQIA+ est souvent ignoré et méconnu. C’est pourquoi cette année, NOSIG a voulu mettre en avant les revendications intersexes et laisser la parole aux personnes concernées.
On définit comme intersexe une personne qui a des caractéristiques sexuelles innées (chromosomes, hormones, organes génitaux) qui ne correspondent pas aux définitions types des corps féminins ou masculins. Les corps intersexes sont soumis à des mutilations par le corps médical qui les considère comme insupportables.
Selon la variation et ses caractéristiques, l’intersexuation peut être décelée à différents âges de la vie, soit pendant la grossesse, en bas âge, à la puberté ou plus tardivement à l’âge adulte Ces variations, ces diversités de corps, ne sont pas des pathologies. . .
Pourtant depuis les années 50 avec le protocole Hopkins, des interventions médicales systématiques, précoces et répétées sont pratiquées sur les enfants intersexes pour tenter d’effacer leurs traits intersexes. En l’absence de menace immédiate sur leur vie, la volonté libre et éclairée des enfants et adolescent-e-s intersexes devrait être centrale. C’est aux personnes concernées de décider si elles souhaitent modifier leur corps.
Ces actes mutilatoires et la médicalisation qui les accompagne ont des conséquences graves en termes de santé physique, mentale et sexuelle.
Nous rappelons que ces opérations sont des mutilations et qu’elles sont réalisées sur des corps sains. Depuis 2016, la France a été condamnée trois fois par l’ONU via le comité contre la torture, le comité des droits des enfants et le comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes. Toutes les institutions de défense des droits humains condamnent aujourd’hui ces pratiques.
La répression de l’intersexuation s’inscrit dans l’histoire de la répression de l’homosexualité, de la bisexualité et de la transidentité. Rappelons que si les médecins souhaitent éradiquer les traits intersexes, c’est par terreur que l’enfant ne devienne homo, bi.e ou trans.
D’un côté, on impose des traitements hormonaux ou chirurgicaux aux enfants intersexes. De l’autre, on refuse ces mêmes traitements à des personnes en transition qui en font la demande. Cela souligne le rapport de pouvoir et l'enjeu de puissance et de contrôle au cœur de la prise en charge médicale.
La lutte intersexe est essentiellement une lutte pour l’autodétermination, contre les violences médicales et les normes de genre coercitives. Enfin, nous ne pouvons pas terminer cet édito sans parler du droit d’asile. Aujourd’hui encore, les violences intersexophobes ne font pas partie des motifs de persécutions reconnus pour l’accès au droit d’asile. Plus largement, nous continuons de nous insurger contre les politiques et discours stigmatisants sur les personnes en demande d’asile, révélateurs d’un profond racisme structurel. Nous réaffirmons notre totale opposition à la loi Asile et Imigration et au projet 2024 de réouverture du débat sur l’Aide Médicale d’Etat.
Nous marcherons ensemble en portant toutes ces revendications dans nos couleurs.
Cet édito a été coécrit par la co-présidence de Nosig et de militant.es intersexe.